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Une aventure collective et humaine pour transmettre et installer

À Balanzac, Jean-Pierre Tétaud a transmis son exploitation céréalière à Thibaut Guionneau. La Safer, le Crédit Agricole 17-79 et la coopérative Océalia ont œuvré collectivement afin que ce projet se concrétise.

« C’est un crève-cœur de transmettre des terres familiales à un jeune qui n’est pas de la famille. Notre histoire remonte à 1820. Mais mes enfants ont pris un autre chemin professionnel », lance Jean-Pierre Tétaud. Ce déchirement, il le vit pourtant avec sérénité et confiance puisque son repreneur est Thibaut Guionneau, qu’il connaît très bien pour l’avoir pris en apprentissage quand il avait 16 ans dans le cadre de ses études. Autant dire qu’au fil des ans, des liens d’amitié très forts se sont créés. À 28 ans, Thibaut est désormais installé à Balanzac, depuis le début de l’année, sur 95 ha en grandes cultures. « C’était ma première campagne céréalière seul », souligne le jeune homme, qui auparavant a travaillé en CDI sur cette exploitation (1/3) et au Vignoble Biteau (2/3) à Sablonceaux. Son installation a pu se concrétiser grâce notamment à la mobilisation de la Safer, d’Océalia et du Crédit Agricole 17-79. « Sur ce projet, nous avons réuni toutes les personnes. Tout le monde a su se parler, mettre en commun les savoir-faire, mobiliser les différents outils. Nous avons tout mis en œuvre pour concrétiser ce projet viable et vivable », fait remarquer le directeur de la Safer en Charente-Maritime, Alexandre Arnaud.

Mobilisation des partenaires

Jean-Pierre Tétaud a d’abord frappé à la porte de la Chambre d’agriculture. Pour le foncier, c’est vers la Safer qu’il s’est ensuite dirigé, en juin 2021 et « qui a répondu à mes attentes ». « Nous avons un rôle de facilitateur », explique Alexandre Arnaud, directeur départemental de la Safer. Thibaut Guionneau n’a pas fait le parcours à l’installation 3P, il n’a donc pas eu d’aides à l’installation. Mais il a pu bénéficier des outils mis en place par la Safer, à savoir le portage du foncier. Il s’agit d’un système d’acquisition qui permet de différer l’investissement sur le foncier et d’alléger la dette au moment de l’installation.

La Région Nouvelle-Aquitaine apporte aussi sa contribution en prenant en charge les frais d’acquisition. « Concrètement, explique Alexandre Arnaud, la Safer achète le foncier à la place du jeune. Ce dernier signe une convention d’occupation précaire de 5 ans. Le loyer est
indexé sur le barème départemental du fermage. Les loyers viennent en déduction du prix d’acquisition au moment du rachat par le jeune (déduction faite des charges financières notamment, NDLR). » Cela lui permet de décaler une partie de l’acquisition du foncier (29 ha).

Jean-Pierre Tétaud a transmis à Thibaut Guionneau son exploitation céréalière. Safer, banque et coop se sont mobilisés autour de ce projet d’installation.

Une autre partie (20 ha) est financée par un prêt bancaire. Et là, la coop Océalia a aussi apporté sa contribution, en se portant caution à hauteur de 50 % du prêt foncier. Thibaut Guionneau est adhérent à cette coop, comme l’était le cédant. La coopérative est « soucieuse de la transmission depuis 15 ans », comme l’explique Christian Manuel Huni, directeur général adjoint. « Nous accompagnons nos jeunes dans toutes les étapes, sur le plan technique, agronomique, avec des remises sur les appros. » Le reste du foncier, soit 46 ha, est en location fermage. Il récupérera, en fin d’année, 30 ha de foncier du côté de son père, lui-même agriculteur. Pour le Crédit Agricole 17-79, la mobilisation de tous ces partenaires est un signe fort. « La confiance des uns conforte la confiance des autres », souligne Christine Guilhamet, responsable du service financement de l’agriculture à la banque verte. « La Safer est accompagnante sur le projet d’installation et Océalia a une vision positive du porteur de projet. » En amont, le Crédit Agricole a eu plusieurs rendez-vous avec le jeune repreneur et le cédant, notamment sur le site d’exploitation pour une présentation du projet, tant sur les aspects humains, techniques que financiers. « Nous avons ensuite regardé le dossier sur les équilibres professionnels, privés et étudier les différentes possibilités du collectif pour utiliser des outils. »

L’avantage apporté au jeune agriculteur ne s’arrête pas là : il n’a pas eu de frais de garantie pour le prêt. Sans la caution de la coop, la banque aurait pris une garantie réelle. Thibaut Guionneau a pu aussi bénéficier d’un prêt d’honneur avec Initiative Charente-Maritime. Si le jeune installé a réussi à mobiliser autant de partenaires, c’est aussi qu’il a su apporter une confiance, dans son parcours, la présentation de son projet d’installation, son prévisionnel d’activité.

Christophe Dédouche, président du comité technique la Safer en Charente-Maritime a remis à Thibaut Guionneau, un chèque FASCINA (Fonds d’Aide Safer Constitué pour l’Installation en Nouvelle-Aquitaine). Ce fonds prend en charge une partie des frais d’acte lors d’une acquisition réalisée auprès de la Safer lors de l’installation.

Un socle solide

Pour le jeune agriculteur, toute cette mobilisation « est sécurisante ». Il souligne la transparence dans les échanges. « À la Safer, l’humain est au centre du projet », indique Christophe Dédouche, président du comité technique de la Safer en Charente-Maritime. Cependant, pour Jean-Pierre Tétaud, « le point noir » est la lourdeur administrative : « Cela n’encourage pas les jeunes à s’installer. » Si cette transmission a été rapide (2 ans), ce n’est pas le fruit du hasard. Le cédant et le repreneur ont toujours été dans la communication et la transparence, aussi bien entre eux, qu’avec les autres partenaires. « Cela facilite l’accompagnement. On perçoit que le socle est solide », reconnaît Christine Guilhamet. Jean-Pierre Tétaud a été très accompagnant, il a su transmettre le flambeau.

Maintenant, il laisse Thibaut mener sa barque, même s’il n’est pas loin pour lui demander les derniers chiffres de collecte de céréales. « Il a tout pour réussir ! », lance non sans une certaine fierté et émotion le cédant qui garde ses 12 ha de vignes.

Publié dans L’Agriculteur Charentais le 28/07/23 par Laurence Guilemin
Crédit photo : L.Guilemin

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